Durant les semaines qui suivirent, Alice, Kassandra, Julie et Margot passèrent de plus en plus de temps ensemble. Le fait qu'elles appartenaient à la même classe facilita la cohésion de leur groupe et leur complicité. Pendant ce temps, une agréable odeur de citrouille se mit à flotter dans l'air, alors que le Palais se parait d'orange, suivant l'exemple des Jardins et de la forêt qui l'entourait. Elle était désormais partout : sur les lèvres des élèves en grande discussion, au sein des fours fumants des cuisines : Halloween. Le Jour J, un esprit de fête emplissait l'Académie toute entière. Les professeurs avaient chacun décoré leurs classes. On pouvait par exemple retrouver diverses infusions orangées qui serpentaient le long de tubes en verre au plafond de la salle de Potions, ou bien d'innombrables peintures représentant un classieux cavalier à tête de citrouille qui décoraient la classe d'Histoire. Entre les cours, les filles ne parlaient que de la tenue qu'elle mettrait le soir-même, et des réjouissances en perspective. Certaines rumeurs affirmaient que la Direction de l'école avait organisé un concours pour choisir la meilleure entreprise d'événementiel du pays, afin de proposer un spectacle époustouflant.
En fin d'après-midi, le dortoir des filles des Seconde-Années n°4 n'avait jamais été aussi rempli. Non seulement chaque petite fille s'affairait devant les glaces, ajustait les plis de sa robe qu'elle se réjouissait de porter et effectuait d'innombrables aller-retours avec la salle d'eau attenante. Mais des étrangères étaient également présentes, facilement reconnaissables au vu de la sophistication de leur toilette, dépassant pour certaines de plusieurs têtes les jeunes adolescentes. Les grandes sœurs s'occupaient de la coiffure de leurs cadettes, utilisant la magie d'une manière qu'on ne leur enseignait pas à l'école, partageant leurs secrets de beauté.
Assise devant l'un des grands miroirs de la pièce, Alice tentait de lisser un minimum ses cheveux épais qui prenaient un malin plaisir à boucler de manière peu harmonieuse. Comme la plupart des sortilèges du domaine de l'esthétique, celui-ci requérait une certaine délicatesse, doublée d'une patience à toute épreuve. Deux qualités qu'elle ne possédait pas, Alice en était certaine, au vu des difficultés qu'elle éprouvait pour réaliser un sort aussi simpliste d'un point de vue technique. À ses côtés, Kassandra se faisait assister par Margot et Sara, l'aînée de Julie. Cette dernière boudait sur un tabouret, car sa sœur avait osé « la toucher avec ses mains dégueulasses ». Lorsqu'elles furent enfin prêtes, les cinq filles sortirent ensemble du Pavillon et se complimentèrent chacune sur le charme de leur tenue.
Alice portait une robe olive assez simple, serrée à la taille. Un pull en dessous lui assurait d'avoir chaud. Kassandra avait opté pour quelque chose de beaucoup plus contrasté : ses cheveux d'un roux naturel plutôt sombre étaient ce soir là colorés d'un vif orange-clair, couleur citrouille, et descendaient élégamment sur une robe noire courte. La tenue de Margot était de loin la plus chic, composée d'une robe rouge sang agrémentée de fleurs noires élaborées. Ces deux couleurs se retrouvaient au sein du complexe dégradé de sa chevelure soyeuse, coiffée d'une tresse cascade recherchée. Enfin, les deux sœurs arboraient le même améthyste, bien que le vêtement de l'aînée épousait beaucoup plus ses formes et se permettait d'être plus court.
- Bon je vous laisse les filles, vous êtes toutes belles ! Amusez-vous bien ! leur dit Sara avec un petit signe de la main, avant de s'éloigner de son élégante démarche féminine.
Les quatre amies la regardèrent disparaître dans les jardins. Alice lança, avec une pointe de tristesse :
- J'aimerais bien avoir une sœur comme toi Julie !
- Oh oui, elle est trop jolie en plus ! renchérit Kassandra.
- Vous rigolez ? Elle est trop chiante ma sœur, en plus elle est beaucoup moins belle sans trois tonnes de maquillage ! Et puis vous l'avez pas vue à poil, elle est grosse ! s'écria Julie.
- Attends, t'as vu son copain quand même, il est super beau gosse ! intervint Margot.
- Mouais, t'inquiète pas que c'est pas pour ses beaux yeux qu'il est avec, à son âge les mecs c'est des gros dégueus, ya que son cul qui l'intéresse, grogna Julie.
- T'inquiète pas, t'auras le même, gloussa Kassandra.
- T'es malade ? Jamais de la vie ! Pour que tous les pervers se retournent partout où je vais ? Non merci !
Kassandra allait répondre, lorsque Alice chuchota rapidement :
- Regardez qui arrive les filles !
Un garçon brun avec de grands yeux noisettes sortit à son tour du Pavillon. Il était accompagné de deux amis, riant à gorge déployée d'une blague vaseuse que l'un d'entre eux venait de faire. Il remarqua à peine le groupe de filles qui gloussait bêtement sur sa gauche et se dépêcha sur les pavés du chemin, de peur de rater l'ouverture des festivités.
Le soleil déclinait peu à peu à l'horizon, striant les jardins cuivrés de fins rayons de lumière, qui venaient pénétrer l'intimité de chaque terrasse, faisant luire les bijoux féminins et briller les boutons de chemises masculins. La dernière clarté du jour s'effaçait peu à peu pour laisser place à l'éclairage nocturne sophistiqué. Une fois le crépuscule englouti et la nuit tombée, les jardins restèrent illuminés par les innombrables citrouilles qui brillaient de mille feux dans l'obscurité. La pleine lune était également de la partie, occultant totalement les étoiles par la vivacité de son éclat qui enveloppait les lieux d'une lueur fantomatique. Cette impression était renforcée par la brume rougeâtre qui drapait chaque allée et qui n'avait rien de naturel.
Soudain, une note de violon se fit entendre, comme une plainte aiguë qui résonna dans la nuit. Tout le monde retint son souffle. Le virtuose invisible enchaîna alors les mesures à toute vitesse, montant progressivement en intensité. Le thème musical prit toute son ampleur avec l'introduction des sonorités graves du piano et des percussions pesantes qui produisaient une harmonie macabre. Bientôt d'immenses éclairs émeraudes zébraient le ciel vide de tout nuage, s'accordant avec les notes à l'unisson de la partition. Une impressionnante clameur monta alors de l'extrémité des Jardins, à peine cachée par la musique, puis se propagea alors que l'on pointait avec excitation le ciel du doigt. Une horde de chevaux ailés surgit des ténèbres. Leurs yeux étaient rouges et leur robe d'un noir profond. Chaque animal fondit sur les élèves en contrebas, avant de se dissiper en une fumée rouge à quelques centimètres de leurs yeux apeurés. Certains se jetèrent même à terre, alors que la symphonie funèbre ne cessait plus.
Margot se releva et cria quelque chose à l'intention d'Alice en pointant son doigt dans une direction. À cause du vacarme ambiant, cette dernière n'entendit pas un seul mot, mais vit distinctement ce que voulait lui montrer son amie : Kassandra se faisait poursuivre par l'un des chevaux qui ne s'était apparemment pas transformé en fumée. Alice chercha sa baguette dans une poche de sa robe. Trop tard, Kassandra tourna au coin d'une haie et disparut. Alice se mit alors à courir pour la rattraper, bientôt rejointe par Margot qui continuait de crier en vain. Les trois filles et l'animal (probablement issu d'un sortilège dysfonctionnel à ce stade), traversèrent plusieurs terrasses où l'on s'écartait hâtivement pour les laisser passer. Elles dévalèrent encore quelques chemins caillouteux, puis leur course folle s'acheva dans un espace circulaire, au centre duquel se tenait un imposant bassin. Kassandra n'entendit pas les avertissements qu'on lui criait et tomba tête la première dans l'eau froide. Fort heureusement, celle-ci eut raison du cheval fou qui s'évapora. Margot et Alice arrivèrent essoufflées au bord de la pièce d'eau, pendant qu'on aidait Kassandra à remonter. Celle-ci, malgré le fait qu'elle était trempée jusqu'aux os, arborait un grand sourire.
- Eh bien ça c'était du spectacle ! ria t-elle.
- Mais Kass tu nous a fait tellement peur ! haleta Margot, n'ayant pas la force de rire.
Un sourire se dessina tout de même sur ses lèvres.
- Sicco , murmura Alice en effectuant une petite vague compliquée avec son poignet droit.
La baguette de pin tenue dans sa main suivit le mouvement. Kassandra sentit alors un puissant courant d'air chaud, sortant de la baguette, qui fit onduler les plis de sa robe. Lorsqu'il s'évanouit aussi subitement qu'il était apparu, elle ne sentit plus l'eau glacée qui imbibait ses vêtements et ses cheveux il y avait encore quelques secondes de cela.
- Merci...je vous jure...elle est vraiment pas chaude !
Tous les yeux autour se relevèrent rapidement vers le ciel. Les trois amies les imitèrent. Des traînées orangées se mirent à strier le ciel à toute vitesse.
- C'est des balais volants ! s'émerveilla Kassandra.
Les dits balais volants se croisaient au dessus des jardins, enchaînant loopings, vrilles et chandelles, dessinant de gigantesques arabesques cuivrées. Lorsque l'un des balais passa près du sol, un éclair éclaira la créature qui était juchée dessus. Il y eut plusieurs exclamations excitées. Celle-ci n'avait pas de peau, ses os pâles étant le seul constituant de son corps. L'escadron de squelettes finit par se rassembler et former une ligne parfaite, avant de plonger vers le sol selon des trajectoires précises. Il y eut quelques secondes de répit pour admirer le somptueux rideau de fresques ainsi créé.
Alice se rendit subitement compte de quelque chose. L'adrénaline fournie par leur course-poursuite avec le cheval fou et le spectacle très prenant leur avait complètement fait oublier l'absence de Julie. Elle demanda alors aux deux autres, inquiète :
- Hé vous savez où est Julie ?
Margot et Kassandra regardèrent autour d'elles. Leur expression changea.
- Mais elle était pas avec vous tout à l'heure ? s'écria Kassandra.
- Je pensais oui ! Je me disais bien que ça faisait quelques minutes qu'on l'avait pas entendue ! À mon avis on l'a perdue pendant qu'on courait après toi ! répondit Margot, ses paupières battant plus rapidement que d'ordinaire devant ses yeux bleus.
- Il faut la retrouver ! cria Alice, alors que la musique remontait en intensité.
Les trois filles tentèrent de se frayer un passage parmi la foule d'élèves, s'excusant lorsque leurs pieds en écrasaient d'autres dans l'obscurité.
La vive clarté de la lune fut brièvement obscurcie par un épais tapis rouge. Il grouillait d'un très grand nombre de formes indistinctes. Celui-ci oscilla quelque peu dans les airs, avant de venir former une longue colonne vivante qui se mit à onduler dans le ciel telle une colossale créature. Un habile mouvement de la nuée de chauve-souris pourpres dota le monstre d'une gueule menaçante aux centaines de dents acérées.
Un titan en tous points semblable au précédent émergea à son tour des ténèbres. Seule sa composition différait. Celui-ci brillait d'une blancheur pâle, chimérique, pareille à la robe d'un fantôme. Les deux géants démesurés tournoyèrent l'un autour de l'autre, réalisant une inconcevable chorégraphie.
- Vous croyez que c'est bientôt fini ? On risque pas de trouver Julie dans le noir ! hurla Alice.
La mélodie monta crescendo, puis atteint son point d'orgue lorsque les deux monstres fusionnèrent dans une explosion blanche et rouge de toute beauté. En guise de final, trois jets de lumière dorés s'élancèrent dans le ciel et vinrent percuter la précédente œuvre. Celle-ci éclata littéralement, projetant d'intenses rayons ambrés, éclaboussant la voûte céleste et illuminant chaque pierre, chaque feuille et chaque visage des Jardins. Au centre de l'impact, deux mots apparurent, alors que les instruments prodiges se turent :
JOYEUX HALLOWEEN !
La vague d'applaudissements, de sifflets et de cris qui suivit dura de nombreuses minutes. L'école avait, comme toujours, fait sensation sans l'ombre d'un doute. Les citrouilles dont personne n'avait remarqué l'extinction se rallumèrent. Le festin fut servi à divers endroits des Jardins, si bien que chacun venait se servir et repartait dans la direction opposée, profitant de l'événement. Cette année là, une scène érigée au sein d'une enclave végétale attira tout particulièrement les élèves et nombreux invités.
- Vous croyez que c'est des vraies ? demanda Margot, fascinée.
De larges crocs brillaient derrière les lèvres écarlates des danseuses, le menton de certaines d'entre elles était maculé de sang.
- T'as qu'à leur demander de te mordre, tu verras tout de suite si tu te transformes en vampire ! s'amusa Julie, qu'elles avaient retrouvée au bord de la scène, captivée par le ballet des jeunes femmes.
Ces dernières virevoltaient autour de leurs partenaires, des élèves de l'école qui avait eu la prétention de les rejoindre. Les vampires les dévoraient littéralement des yeux.
- Beurk, moi j'ai pas envie de me faire sucer le sang perso, fit Kassandra en faisant la grimace, ses doigts glissant dans l'herbe.
- Attends, ça dépend qui c'est..commença Alice, une expression malicieuse s'étant emparée de ses traits.
- Oh oui moi aussi je vois...déjà c'est un vampire... continua Julie, qui entra dans le jeu de son amie.
- Il a des grands yeux marrons... enchaîna Margot.
- Il est brun ténébreux...
- Il a une voix douce...
- Et il va s'approcher de toi... chuchota Julie en se glissant dans le dos de Kassandra.
- AIIIE ! T'es complètement malade ! T'étais pas obligée de me mordre ! s'écria tout d'un coup cette dernière.
Les trois autres éclatèrent de rire.
- Ouhouh Eliot, ya une petite Kass qui a du bon sang frais... la taquina Alice en chatouillant son amie au niveau des côtes, un véritable point faible.
Entre quelques crises de fou rire involontaire, Kassandra réussit à répondre :
- C'est...c'est parce que vous êtes...vous êtes...celosas...jalouses !
- Pfff jalouses de quoi ? Il ne t'a pas plus regardé que nous tout à l'heure ! s'esclaffa Margot.
- Non...c'est pas vrai ! Il...il m'a même souri ! C'est moi la plus belle d'abord !
Julie leva les yeux au ciel.
- Mais tu rêves complètement ma pauvre Kass...ricana Alice.
Plus tard, lorsque les délicieux desserts furent engloutis et qu'une grande partie des élèves furent retournés à leur Pavillon, afin d'effectuer les derniers préparatifs pour leur départ du lendemain, les quatre amies faisaient partie des dernières personnes qui s'attardaient devant la scène du Bal des Vampires.
Kassandra émit un bâillement sonore.
- On va attendre longtemps encore ? grommela t-elle.
- Tu veux savoir si c'est vraiment des vampires, oui ou non ? répondit Alice.
Elles s'étaient mises dans la tête de rester jusqu'à la fin du spectacle, afin de savoir si les dents des danseuses étaient réellement aussi pointues.
- La scène est toute noire, c'est fini maintenant je pense, supposa Margot.
- Suivez-moi ! intima Alice en se rapprochant d'une des hautes haies, qui bordaient l'espace découvert au fond duquel était érigée la scène.
- Qu'est-ce que tu fais ? demanda Julie en la voyant sortir sa baguette de sa robe.
L'intéressée marmonna quelque chose, il y eut un petit bruit de branches brisées, puis elle passa de l'autre côté de la barrière végétale. Elle fut rejointe par ses amies quelques instants plus tard.
- C'est trop sty... commença Kassandra.
- Chut ! coupa Alice, un doigt sur les lèvres, le regard déterminé.
Elles venaient de déboucher dans une petite allée parallèle, encombrée de caisses de toutes tailles, de planches et de morceaux de décor. Alice progressa rapidement, les trois autres sur ses talons. Des voix se firent entendre au fond, accompagnées d'une lueur vacillante qui filtrait à travers les panneaux de bois disposés sur le côté de l'allée. Margot plaqua sa main sur la bouche de Kassandra pour étouffer un nouveau bâillement. Alice s'approcha d'un des panneaux. Les lattes disjointes de celui-ci lui permettait de voir à travers.
Les danseuses étaient toutes assises devant des coiffeuses surmontées de miroirs. La plupart avaient retiré leurs complexes parures. L'une d'entre elles se leva. Elle ne portait plus que ses sous-vêtements. Plusieurs bougies éclairaient les coulisses.
- Tu n'as pas froid Jenny comme ça ? s'inquiéta une femme avec un accent germanique prononcé, installée à quelques mètres de l'autre côté du panneau de bois.
Alice sentit ses amies se placer contre ce dernier pour voir à leur tour.
La dénommée Jenny se retourna. Lorsqu'elle ouvrit la bouche pour parler, Alice remarqua ses dents démesurées et le verre rempli d'un liquide vermeil qu'elle tenait à la main. Margot ne put retenir un petit cri d'effroi. Heureusement la voix de Jenny le couvrit :
- Pas le moins du monde ! Tu as vu la chaleur qu'il fait ici ? Je pourrais même enlever tout ça !
Les autres danseuses pouffèrent.
- Oui enfin quand même, c'est pas Le Vivet Doré ici ! répondit celle à l'accent germanique.
La danseuse vampire Jenny se rapprocha du panneau de bois et s'adossa contre ce dernier, obstruant la vue de Julie. Alice n'osait pas effectuer le moindre mouvement, consciente que la vampire les repérerait immédiatement. Sa voix changea lorsqu'elle reprit :
- En parlant de ça, tu savais que le club était fermé depuis quelques temps ?
Son interlocutrice ouvrit à son tour la bouche pour répondre. Alice remarqua que ses dents étaient parfaitement normales.
- Ah bon ? Et pourquoi ?
- Le Ministère a fait une descente, ils ont embarqué Silvio...
- Quoi ? s'exclama la danseuse à l'accent allemand.
- Oui, le petit patron qui te fait perdre tes moyens, ils l'ont emmené ! En son absence, Le Vivet ne peut plus tourner, et mon frère se retrouve au chômage...
- Mais c'est affreux ! Qu'est-ce qu'ils lui veulent ?
- Je ne sais pas vraiment, mon frère m'a dit qu'il y avait un rapport avec l'attentat du début du mois.
- Ils pensent que mein Silvio est l'un de ces fous ? s'affola l'autre.
- Ce n'est pas le premier, et ce ne sera pas le dernier. Le Ministère est à cran, je suis sûre que la Confédération veut des noms.
- Oui mais tout de même ! Espionner toutes les correspondances, débarquer chez les gens sans prévenir, les soumettre à des interrogatoires forcés, c'est beaucoup je trouve !
- Ce ne sont que des rumeurs, je ne pense pas qu'ils vont jusque là...
- J'ai peur des rumeurs. J'ai peur pour Silvio !
Quelques coups frappés contre une paroi se firent entendre.
- Mesdames ? s'exclama une nouvelle voix, plus grave.
Les danseuses s'habillèrent précipitamment. Jenny eut tout juste le temps d'enfiler quelque chose avant que la voix se fassent de nouveau entendre.
- On part bientôt, magnez-vous ! Et Jenny, habille-toi merde !
Il y eut beaucoup de bruit. Les femmes rassemblaient leurs affaires. Jenny retira le haut qu'elle avait enfilé à l'envers. D'un commun accord uniquement visuel, Alice, Kassandra, Margot et Julie décidèrent d'en profiter pour s'éclipser discrètement. Sur le chemin du retour, Kassandra ne se priva pas de bailler de nombreuses fois et de répéter inlassablement : « Je suis fatiguée... » . Margot restait muette. Julie s'enthousiasmait de leur petite aventure :
- On a découvert que la danseuse était une vraie Vampire, c'est trop cool !
- Ouais, répondit Alice avec peu de conviction.
Elle aurait préféré être dispensée de la conversation surprise entre les deux femmes. D'après ces-dernières, le Ministère espionnait tout le monde, et ne se privait pas « d'embarquer » ceux qu'il soupçonnait. Cela lui faisait froid dans le dos, malgré la température plus qu'agréable qui régnait encore dans les Jardins. Et si...? Non. Elle préférait ne pas y penser.
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