Le lendemain matin, la tête enfouie dans ses bras, avachie sur la table de la gigantesque Salle à Manger du Palais, Alice essayait avec peine de se réveiller. La table lui semblait extrêmement dure, bien plus que son lit moelleux et...
- Houhou ! Il faut se réveiller maintenant ! lui dit une voix familière en la secouant énergiquement.
- Oui oui Kass, c'est bon je me réveille, tu peux arrêter de me secouer comme un niffleur qui sort d'une bijouterie s'il te plaît ? maugréa Alice, levant la tête à contrecœur.
- Qu'est ce que t'as encore fait hier soir pour être crevée à ce point ? l'interrogea son amie d'un air réprobateur.
Alice se détourna de ses yeux verts qui semblaient lire en elle et fixa sa tartine de confiture, préférant éviter la question.
- Par quoi on commence ce matin ? demanda t-elle d'une voix blasée, pressée de changer de sujet.
Connaissant parfaitement le caractère de la petite blonde en face d'elle, une expression de tu-vas-t'attirer-des-ennuis sur le visage, Kassandra jeta un œil à son emploi du temps. Cette école n'était pas comme les autres. Ici, à l'Académie de Magie de Beauxbâtons, les habituelles matières comme les Mathématiques, les SVT ou bien encore les Sciences Économiques et Sociales, étaient remplacées par Subtil Apprentissage de la Métamorphose et de ses Multiples Applications, Chronologie des Événements Historiques Remarquables et Conception Maîtrisée des Philtres et Potions, pour n'en citer que trois.
- Deux heures de Sortilèges avec les Secondes Sept, répondit-elle.
- Génial, soupira Alice, laissant retomber mollement sa tête dans ses bras.
- Tu n'as pas envie de retrouver ta meilleure amie Emma ? demanda la jeune rousse, un sourire narquois sur les lèvres.
- Oh là là mais tais toi, je peux plus la voir celle-là.
- Moi je la trouve gentille, et mmh, (elle marqua une pause) même jolie. s'amusa Kassandra.
- Quoii ? s'écria Alice, crachant le jus d'orange qu'elle était en train de boire. Kassandra leva instinctivement la main pour se protéger des gouttelettes projetées et pouffa, ravie de l'effet obtenu.
Le brouhaha habituel de la Salle à Manger s'intensifia d'un seul coup, comme si quelque chose venait de se produire. On se levait, on criait, et on se précipitait sur la table voisine.
- Hé les filles, dites pas que vous êtes pas au courant ?
Julie se précipita sur leur table, un journal à la main. Elle avait rassemblé ses cheveux bruns en une queue-de-cheval, comme à son habitude.
- Déjà on dit bonjour, mademoiselle, répondit sèchement Kassandra d'un faux air vaniteux.
- Euh...ouais, salut...ô grande majesté du royaume perdu de... commença la brune avec hésitation.
- De ?
- De s-il-te-plaît-j-ai-un-truc-important-à-dire !
- Mouais bof, t'as pas mieux ?
- Rooh tais-toi Kass, vas-y raconte Julie ! s'impatienta Alice.
- Tout le monde en parle ! Des tarés sont allés foutre le bordel chez les Moldus !
Tout en parlant, Julie jeta l'édition spéciale du quotidien sur la table.
Kassandra fut plus rapide qu'Alice pour s'en emparer et lut à voix haute :
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Avec ses 29,874 centimètres de bois de cerisier spécialement sélectionné et travaillé, et son cœur de dragon, votre charme ne pourra qu'égaler vos capacités magiques !
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Formulaire de comman...
Kassandra stoppa net sa lecture et releva la tête, perplexe.
- Je crois que c'est pas ça...
- Oh là là mais donne moi ça, t'es pas réveillée hein ! s'écria Julie en reprenant le journal.
Elle retourna le papier et commença à lire :
Vandales à Vindon-les-Oies
Les habitants de la petite ville de Vindon-les-Oies (23) ont découvert ce matin leur ville méconnaissable. Un habitant témoigne :
« Je me suis levé tôt ce matin, j'avais la désagréable impression de ne pas avoir assez dormi. Ce n'est que lorsque j'ai ouvert mes volets que le désastre dans ma rue m'est apparu : des maléfices avaient été jetés sur les vélos attachés et les voitures garées, les faisant flotter dans les airs à plusieurs mètres du sol. Les lampadaires brillaient d'une couleur inhabituelle, un aveuglant Octarine je crois. Les poubelles avaient été ensorcelées pour se déplacer toutes seules en bondissant dans la rue. Mais le pire était peut être les arbres. Leurs feuilles étaient dévorées par de gigantesques flammes magiques dorées, tels des torches éternelles. Les Moldus couraient dans tous les sens, il n'en croyaient pas leurs yeux. Leurs soldats de la paix (polissiers) se grattaient la tête d'incompréhension, pendant que leurs types avec des casques (ponpieds) essayaient vainement d'éteindre les incendies magiques. La ville était paniquée. Partout, cette même phrase, gravée sur les façades, peinte sur la route, formée par des nuages verts dans le ciel, incrustée sur toutes les annonces d'un panneau publicitaire :
La Magie n'est pas Légende »
Les services d'intervention du Ministère Européen de la Magie ont, fort heureusement, rapidement rétabli la situation. Les Moldus traumatisés ont été pris en charge. Peu après, les services d'investigation ont pris le relais. À l'heure où nous écrivons ces lignes, la zone grouille toujours des agents du Ministère et l'accès en est strictement réglementé. Cet attentat sur des Moldus ne manquera pas de relancer le débat de l'efficacité du Code du Secret International Magique et de son application par le Ministère.
Une photo en noir et blanc accompagnait l'article. On y voyait plusieurs personnes qui formaient un cordon de sécurité, surveillant avec attention un portail grillagé. Ils tenaient chacun dans leur main un objet long qui se rétrécissait au bout, le pointant sur la foule de journalistes qui se pressaient devant eux. Un écriteau placardé sur le portail justifiait ce déploiement de moyens :
Zone d'Intervention du Ministère Européen de la Magie
Défense Absolue d'Entrer
- Wow, y'en a qui s'amusent bien ! s'exclama Alice.
- C'est surtout super grave, dit très sérieusement Kassandra, notre monde est censé être totalement caché des Moldus hein, vous imaginez le délire s'ils découvrent un jour que les dragons existent ?
- C'est le boulot du Ministère de régler ce genre de choses, t'inquiète Kass, ils vont les choper et les emprisonner à Azkaban, la rassura Julie.
- J'espère bien, ces fous en liberté ça me fait peur ! Et puis les pauvres Moldus, il n'ont aucun pouvoir magique, ils ne peuvent rien faire contre eux !
Les salles d'Étude et Compréhension des Sortilèges Communs se situaient au dernier étage de l'aile Nord du palais, sous le toit où les verrières aux armatures métalliques se mêlaient aux innombrables souches de cheminées de marbre.
Toutes les portes étaient vitrées, certaines gravées d'un symbole précis renseignant sur l'équipement de celles-ci. Alice passa la troisième porte du couloir, sans prêter attention à la splendide étoile gravée dessus, puis traîna des pieds jusqu'au dernier rang. Elle jeta son sac sous une table et tira deux chaises côte à côte. Son amie rousse la rejoignit quelques instants plus tard.
Le professeur intima aux élèves de se taire et de s'asseoir. Sa voix portait aisément jusqu'au fond de la classe, malgré la taille de celle-ci.
- Ouvrez vos livres à la page 148...oui, même vous mademoiselle Milanesi !
Kassandra sortit de son sac un épais volume bicolore qu'elle posa au milieu de leur table, puis entreprit de l'ouvrir à la bonne page. Sur celle-ci, on pouvait voir le détail en plusieurs étapes du mouvement de baguette magique précis et complexe qu'un homme effectuait. Une petite bulle qui apparaissait à chaque étape permettait de savoir qu'il fallait prononcer certains mots spécifiques au bon moment pour réaliser le sortilège. Le reste de la page était bien moins graphique : il s'agissait de gros blocs de texte, certains agrémentés de petits encadrés rouges caractérisant les informations importantes à retenir.
- Reprenons notre étude théorique du sortilège autonome...
Le professeur effectua un bref mouvement de sa propre baguette magique, et le tableau se vit entièrement rempli d'équations et de schémas compliqués. De sa voix monocorde, il continua :
- Comme nous l'avons vu précédemment...
Alice poussa un profond soupir. Ses cheveux blonds s'entortillaient autour de ses doigts. Ce sortilège semblait en théorie extrêmement complexe. Pourtant, en pratique, elle sentait qu'elle était tout à fait capable de le réaliser, sans avoir besoin à aucun moment de tout ce discours inutile. Rapidement accablée par l'ennui, tenant sa tête avec sa main, de peur qu'elle tombe toute seule avec un grand bruit sur la table, la petite blonde jeta un œil morne au plafond.
Les murs et la voûte de la pièce étaient entièrement constitués de verre, formant ainsi une gigantesque verrière. Mais ce verre possédait une intéressante particularité. Il pouvait également devenir complètement opaque, prenant l'apparence de la pierre claire.
À cet instant, le plafond était d'une splendide blancheur terne. À intervalles réguliers, le verre des murs opaques redevenait transparent, si bien que ces ouvertures régulières s'apparentaient à des fenêtres. De ces dernières filtraient de légers rayons de lumière qui éclairaient les visages concentrés des élèves.
Alice préférait les jours où le plafond et les murs ne formaient plus qu'un avec le ciel.
Ces jours-ci, la pièce était inondée de soleil. Les premiers rangs et le tableau disparaissaient dans un aveuglant océan doré. Cela lui rappelait l'été dernier, les champs de blé, les trop courts moments allongée parmi les épis, le vent joueur s'immisçant gaiement entre ses mèches sales. Elle se mit à rêver de cette fuite sans fin, du réconfort le soir au coin du feu, de ses lectures passionnantes.
Une boulette de parchemin rebondit sur son front et interrompit brusquement sa rêverie. Elle baissa les yeux. Deux rangées de tables en avant, avachie sur sa chaise, Julie lui faisait une magnifique grimace en montrant toutes ses dents. Soudainement beaucoup moins concentrée, Kassandra ramassa la boulette tombée par terre et l'ouvrit discrètement.
D'un trait de crayon un peu grossier, une sorte de personnage ridicule ressemblant fortement au professeur était dessiné. De sa bouche sortait un épais nuage constitué de caractères incompréhensibles et d'équations sans-queue-ni-tête. Derrière celui-ci on pouvait distinguer les silhouettes d'élèves profondément endormis. Le réalisme de la situation était frappant.
Les deux filles tentèrent de masquer leur fou rire mais leurs sourires stupides les trahissaient aisément. Alice releva la tête vers Julie et lui demanda silencieusement si c'était elle qui l'avait fait.
Cette dernière hocha la tête.
- Eh c'est quoi ça ? demanda un garçon assit à une table voisine.
Avant qu'elles ne puissent lui répondre, il s'était déjà emparé du dessin.
- Rends nous ça toi ! chuchota vivement Kassandra.
- T'as qu'a venir le chercher poule-rousse ! lui répondit l'autre, moqueur.
Sur ces mots il le passa à son voisin.
- Tu m'as appelée comment là ?
- Oh là là mademoiselle est le nouvel espoir des Aigles depuis l'année dernière, elle se sent plus pisser...
- T'as intérêt à courir à la sortie cabrón ! J'ai pas peur de t'en mettre...
- Chut ya le prof ! dit précipitamment un élève.
- Que se passe t-il ici ? interrogea le professeur de sa voix assommante.
- Rien monsieur, répondit Kassandra en baissant les yeux.
- C'est elle qui a commencé monsieur ! s'écria le garçon qui avait volé le dessin.
- Vous mademoiselle Rosales, venez donc au premier rang. Quant à vous monsieur Martin, il vaudrait mieux que vous cessiez de vous faire remarquer en classe dès le début de l'année.
Jetant un dernier regard émeraude à son amie et au garçon, l'un désolé, l'autre mauvais, Kassandra ramassa ses affaires puis se déplaça de mauvaise grâce jusqu'à la première rangée de tables.
Quelques rires et autres chuchotements excités commencèrent à émerger un peu partout dans la classe, à mesure que le dessin voyageait de table en table. Le professeur s'arrêta de parler. Les bavardages continuèrent encore quelques dizaines de secondes avant de se taire. Un silence pesant s'instaura entre l'enseignant et sa classe. Les élèves redoutaient sa réaction. Avait-il vu le dessin de Julie ? Alors qu'il ouvrait la bouche pour les sermonner, la cloche annonçant la fin du cours retentit. Il y eut une soudaine agitation parmi les élèves, des livres que l'on jetait dans les sacs, les bruits des chaises qui crissaient sur le sol et le professeur qui essayait de se faire entendre, leur criant de réviser le chapitre pour le prochain cours. Tout aussi pressée que ses camarades, Alice avait déjà rangé ses affaires au fond de son sac et s'était précipitée dans le couloir bondé. Elle repéra dans l'océan de robes bleues qui sortait la chevelure de feu qu'elle affectionnait tant, en grande discussion avec Julie.
- ...absolument que je te montre ma robe d'Halloween, ma mère l'a commandée aujourd'hui ! Elle est trop belle ! exultait cette dernière.
- La chance, moi j'aurais la même que l'année dernière, ronchonna Kassandra.
Le dernier cours de la journée fut de loin le plus intéressant de tous. Même si en temps normal, Margot, et depuis peu, Alice, étaient suspendues aux lèvres de leur professeur, les propos de l'enseignante de Chronologie des Événements Historiques Remarquables intéressèrent aujourd'hui toute la Seconde Quatre.
- ...de notre cours sur les fondements de nos lois. Le Code International du Secret Magique en est un élément capital, sinon la pierre angulaire. Il a été instauré en 1692 par la Confédération internationale des sorciers, à une époque où les Moldus faisaient la « chasse aux sorcières ». Celle-ci occasionnant de nombreuses condamnations aux bûcher pour toute personne suspectée de « sorcellerie », qu'il s'agisse réellement d'un sorcier ou non. N'importe qui pouvait venir vous voir chez vous et vous accuser d'invoquer des démons qui ravageaient les récoltes. Vous imaginez un peu ? Ce n'était pas vraiment l'époque pour lancer des « Abracadabra » à tout va tout en se faisant une petite partie de Quidditch avec ses amis !
Il y eut quelques rires graves. Le professeur continua :
- Ce Code International du Secret Magique fut donc créé afin de précipiter notre monde dans l'ombre et le secret. Les Moldus ne devaient plus avoir aucune connaissance de ce dernier. La magie, les sorciers, les balais volants, les créatures fabuleuses, tout cela ne sont plus que des légendes à leurs yeux. Par exemple, dans la ville moldue la plus proche, aucun panneau n'indique la direction de l'Académie dans laquelle vous êtes actuellement. De plus, grâce aux sortilèges d'amnésie et repousse-moldu effectués par le Ministère, aucun vieux berger des Pyrénées ne peut trouver ou pénétrer le domaine de l'école. Toutes ces mesures destinées à nous protéger sont inscrites dans le Code International du Secret Magique . Et justement, aujourd'hui l'actualité rattrape l'Histoire. Vous avez sûrement entendu parler de l'attentat survenu ce matin dans la ville moldue de Vindon-Les-Oies, vers le centre de la France.
Les élèves acquiescèrent, concentrés.
- Interagir avec les Moldus en utilisant la magie est une très grave infraction au Code. En invoquant des nuages verts, ou bien en provoquant des incendies qu'on ne peut éteindre sans sortilège, c'est tout le monde magique que l'on risque de révéler ! Les terroristes qui ont attaqué cette ville menacent notre sécurité. Je pense que cette affaire va beaucoup faire parler d'elle jusqu'à ce que l'on retrouve les coupables. Cela ne va pas manquer de faire remonter de terribles souvenirs de l'histoire de notre monde, du temps où Grindelwald était tout-puissant... poursuivit l'enseignante, son regard se voilant sur ces derniers mots.
- Et on va leur faire quoi quand on les aura ? demanda Jules Maes, un garçon au visage constellé de taches de rousseur.
- Ils seront jugés par le Tribunal Magique Européen, voire même par celui de la Confédération comme cela peut arriver dans ce cas de transgression spectaculaire au Code.
Lorsque le cours prit fin, une partie de la classe resta pour poser toujours plus de questions au professeur sur les inquiétants événements de la nuit dernière. Kassandra et Alice préférèrent dévaler les escaliers de marbre du Palais, tout en discutant avec excitation des festivités à venir.
- ...non ! Je te dis que ça n'ira pas avec tes cheveux, il te faut une couleur plus sombre ! désapprouvait Kassandra.
- Je n'ai pas besoin d'être vue de loin hein, répondit Alice, la tête ailleurs.
- Mais qu'est-ce que ça à voir ça ? Bien sûr que si il faut que tout le monde puisse admirer ma blondinette préférée !
Elles arrivèrent à un croisement de plusieurs couloirs. Alice s'arrêta brusquement et s'exclama en pointant vaguement du doigt un escalier qui remontait dans les étages :
- Euh m'attends pas j'ai un truc à faire, je te rejoins au Pavillon !
Kassandra n'eut pas le temps de demander des précisions, son amie remontait déjà les marches quatre à quatre, son sac rebondissant sur ses épaules. Elle haussa alors les épaules et fit la moue, un peu déçue de se retrouver seule. Alice agissait souvent de manière impulsive. La jolie rousse continua alors son chemin, qui s'acheva au bas de l'immense escalier principal du Palais de Beauxbâtons, débouchant lui-même dans le somptueux Hall de l'école. Les portes de l'entrée, tellement hautes qu'elles convenaient parfaitement pour un géant de sept mètres, étaient grandes ouvertes. Une marée d'élèves se précipitait dans les Jardins, pressés de pouvoir profiter du temps dont il disposaient avant de devoir revenir dîner au Palais.
Le marbre immaculé laissa bientôt la place au ciel bleu et à l'herbe encore verte en ce début de l'Automne. Kassandra suivit la Grande Allée sablonneuse, puis passa devant de nombreuses fontaines et autres bosquets somptueux. La texture du sol sous ses pieds varia souvent, passant des dalles parfaites des chemins principaux aux petits cailloux des raccourcis - inévitables si l'on n'était pas particulièrement passionné par le labyrinthe odorant des plantes exotiques et carnivores - de façon harmonieuse. Enfin, alors que la masse d'élèves qui l'entourait se réduisait considérablement, Kassandra atteignit le pavillon des élèves de Seconde-Année. Une fois à l'intérieur, elle s'assit en baillant à l'une des tables vacantes de la Salle d'Étude, puis sortit ses affaires de son sac. Une montagne de devoirs l'attendait.
Trois exercices de Métamorphose pour demain...vivement les vacances, se dit-elle avant d'ouvrir son livre et de machinalement rejeter ses cheveux pourpres en arrière.
Alors qu'elle se demandait ce que les lois de Gamp pouvait bien être, la jeune fille ne remarqua pas Alice et Margot qui s'installèrent en face d'elle.
- Tu t'en sors Kass ? demanda la première.
Son amie releva la tête. Alice sortait des vieux livres de son sac. Elle en avait déjà tellement posé sur la table que Kassandra ne comprenait pas comment tout cet amas de papier antique pouvait tenir à l'intérieur de celui-ci. Margot observait de ses yeux bleus les couvertures de ces-derniers.
- Bof, c'est quoi déjà la loi de Gamp ?
- La Loi de Gamp sur la métamorphose élémentaire dit que « la métamorphose estimée est directement influencée par le poids, la virulence, la puissance de la baguette, la concentration et une constante Z », récita instinctivement Alice, tout en feuilletant énergiquement les pages d'un gros volume poussiéreux.
- Ah...tu peux répéter s'il te plaît ?
Alice dicta alors la définition à Kassandra, qui griffonna un long paragraphe sur son cahier. Quelques minutes passèrent.
- Je vais aux toilettes ! s'exclama la petite blonde après avoir écrit quelques lignes sur un petit carnet bleu.
- Ok, répondit Kassandra, avant de revenir à son exercice.
Un court moment plus tard, elle releva la tête. Margot avait elle aussi ouvert un livre, et s'était plongée dans sa lecture. Elle parcourait tranquillement les vieilles pages, avec bien plus de minutie qu'Alice. Kassandra loucha avec curiosité sur l'écriture appliquée qui noircissait le carnet que son amie avait laissé ouvert sur la table.
- Au fait tu lis quoi avec Alice exactement ? demanda t-elle à Margot.
- Des trucs sur les Conquistadors, répondit la jeune fille de taille moyenne, sans lever la tête de l'ouvrage.
- Avec un nom pareil c'est un truc de Moldu ça.
- Oui, des Moldus qui sont allés en Amérique pour voler les trésors des indiens.
Intriguée, et peu concentrée sur son devoir de Métamorphose, Kassandra retourna brièvement le petit carnet bleu d'Alice. Elle lut deux mots écrits en capitales et soulignés par plusieurs traits qui rehaussaient encore plus leur importance :
« CONVOI ROYAL »
Ces mots étaient inscrits au centre d'une arborescence de termes, parmi lesquels on pouvait lire « attaque de pirates », « indiens » et «malédictions » .
Alice revint des toilettes à ce moment là, et recommença à feuilleter les pages de son ouvrage sans prêter attention au regard de jade perplexe de la grande rousse.
Kassandra plissa ses lèvres en une moue d'incompréhension mais se garda bien de questionner son amie, préférant répondre :
- C'est bien ce que je disais, c'est un truc de Moldu ça.
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