J’entame ma descente dans les escaliers pour aller manger quelque chose. Je me suis levé particulièrement tard, aujourd’hui. Comparé aux autres jours où j’étais levé avant l’aurore, je me suis réveillé au alentour de dix heures. Ce long sommeil, m’a fait du bien et je ne regrette pas d’avoir traîné un peu. J’ai encore mal là où les bleus sont apparents, mais la nuit à était réparatrice alors la douleur reste largement supportable. J’espère que les autres m’auront laissé de quoi tenir jusqu’à midi. Quand j’entre dans la salle à manger, j’entends M. Durand râler après Charles Mandrin. En face, les deux autres hommes plus calmes discutent. Quand il remarque ma présence, M. Mandrin vient me voir, passe son bras autour de mes épaules et commence à me poser quelques questions pour savoir comment je me porte. M. Morel me dit qu’il m’a gardé une assiette et me la ramène de la cuisine. Je suis affamée et j’entame mon petit déjeuné sans attendre. Pendant que je savoure mes œufs, nous discutons de ce qu’il s’est passé la veille. Apparemment toute les femmes présente comme marchandise ce soir-là ont été récupéré saine et sauve et désormais la police est à la recherche des autres femmes vendues. Ce ne sera pas facile, seule les femmes dont le « propriétaire » a été arrêté au cours de la vente pourront être retrouvé. Et encore, ce n’est pas sûr. Puis nous changeons de sujet en parlant de faits divers.
Une fois mon ventre rempli. Je réfléchis à ce que je vais bien pouvoir faire. Oscar Mandrin et M. Morel sont partis inventer une nouveauté, M. Navarro et Wilfried sont de sortie, Charles Mandrin taquine l’ancien soldat et celui-ci répond à ses provocations tout en vidant les bouteilles. J’aimerais me rendre utile, mais pour l’instant rien ne me vient. Je me lève de table pour aller récurer la maison de fond en comble même si Wilfried a déjà dû le faire récemment. Soudain, une merveilleuse idée me passe par la tête et je retourne sur mes pas.
-M. Mandrin, êtes-vous occupé ?
-Ma jolie, ne t’ai-je pas déjà demandé de m’appeler par mon prénom ? Sinon, c’est compliqué de savoir à qui vous parler quand Oscar est dans la pièce.
-Oui, excusez-moi je n’ai pas encore l’habitude
-Ça ne fait rien trésor. Que voulais-tu ?
-Eh bien, hier, je me souviens que vous aviez mis un homme à terre d’une façon qui m’a impressionné. Et j’aimerais, si vous le voulez bien que vous m’appreniez à me défendre comme vous l’avez fait ce soir-là.
Il me regarde un instant, l’air hésitant. Ne se sent-il pas à l’aise avec l’idée de m’enseigner cet art ? Ou pense-t-il que je ne suis pas suffisamment compétente pour cela ?
-Rose, tu es sûr ? Je veux dire, c’est assez violent comme sport et je ne voudrais pas que tu te blesses. Mais si tu y tiens vraiment alors oui, je peux t’apprendre.
J’acquiesce, heureuse qu’il accepte ma requête.
-Mais tu sais que je serais toujours là pour te protéger Darling donc ne t’inquiète pas trop. Ajoute-t-il en embrassant ma main.211Please respect copyright.PENANAjcqqCicSk1
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Je laisse échapper un rire face à ce qu’il vient de dire. Il m’informe que l’on peut commencer dès maintenant et nous allons dans le jardin. J’écoute attentivement chacune de ses explications. Il commence par me montrer des bases pour se défendre. Il débute par les esquives. Pour lui, c’est primordial de savoir esquiver les attaques de son assaillant afin d’éviter de finir blessé. On commence par répéter les mêmes mouvements dans le vide et plusieurs fois jusqu’à ce que je comprenne comment les faire. Les techniques d’esquive demandent une certaine agilité et de la rapidité.
On passe un bon deux heures sur la défense. Bien sûr, ce n'est pas en si peu de temps que j'arriverais à tout apprendre, mais il est aussi important de faire une pause pour respirer. On prend dix minutes de pause le temps de boire et de discuter des petites choses à corriger. En plus des esquives, j'ai aussi appris à parer différents coups. Il faudra que je m'entraîne tous les jours pour réussir à tout retenir et à reproduire à la perfection. Le temps que nous nous sommes fixé pour souffler est écoulé et nous reprenons. Cette fois-ci, il va m'apprendre quelque chose qui m'intéresse encore plus que la défense : l'attaque. J'ai envie de savoir mettre les gens à terre comme il l'a fait. Il m'a promis qu'on la verrait aujourd'hui pour me faire plaisir, mais en dernier. On doit d'abord se concentrer sur des prises plus simples. Je ne sais pas exactement quelle prise vient de quel art et de toute façon, je ne le retiendrais pas. Charles en connaît beaucoup comme le karaté, le kung-fu, le judo et le taekwondo. À chaque fois qu'il dispute un combat, il fait un mixe de différentes techniques.
À la suite d'une autre heure passée à s'entraîner sur toutes ces prises, son jumeau passe devant nous et se fais alpaguer par son frère qui veut l'utiliser pour me montrer une technique que je ne comprends pas très bien. Le pauvre, accepte et se fait mettre à terre assez brutalement. Ils la répètent plusieurs fois passant doucement par chaque étape. Puis c'est à mon tour de la reproduire sur Oscar avec l'aide de Charles. C'est la prise la plus compliquée et je comprends pourquoi il voulait me l'apprendre en dernier. Mais je suis un peu déçu de ne pas y arriver toute seule alors que c'était celle que j'attendais le plus. Avec l'aide de Charles, je m'en sors très bien, mais sans lui, je m'embrouille vite. Je suppose qu'avec le temps, je saurais la maîtriser, mais je n'ai jamais été très patiente. Après un bon moment, j'y arrive plus ou moins. Charles s'apprête à clôturer la séance, mais avant, il me propose de faire un petit match pour récapituler tout ce qu'on vient de voir. J'accepte. Il sera mon adversaire et son frère aura le rôle d'arbitre.
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Oscar lance le combat et Charles n'attend pas plus longtemps pour attaquer. Je commence par esquiver comme il me l'a appris au tout début. Ensuite, comme il est trop près et trop rapide, je pare son coup ainsi que le suivant. Il se recule et c'est moi qui attaque avec une des cinq méthodes vues aujourd'hui. Je réussis à le toucher -même si je sais qu'il m'a laissé faire- et je suis plutôt fière de moi. On continue comme ça pendant cinq longues minutes. Je fatigue déjà. Le remarquant l'arbitre me dit de terminer en le mettant à terre. Je m'approche alors de lui, l'attrape et tente de le retourner. Mais je comprends vite que je me suis raté quand mon dos touche le sol assez violemment. Charles avait raison, c'est un sport douloureux et mes courbatures n'aident en rien.
-Ce n'est pas grave Mlle. Gauthier, vous y étiez presque. M'encourage Oscar.
-Il a raison, tu as bien progressé depuis le début de la séance. Wilfried disait vrai, tu apprends vite. Ajoute Charles. On va te remontrer comment faire.
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Ils me remontrent une nouvelle fois comment j'aurais dû m'y prendre. J'inverse toujours des mouvements ou je n'attrape pas la personne au bon endroit. Après ça, nous décidons de nous arrêter pour aujourd'hui.
-Peut-être que tu serais plus à l'aise avec une arme à feu qu'en combat rapprocher ?
-Charles, ne commence pas à la former pour devenir assassin.
-Non, ce n'est pas ce que je fais, c'est juste que peut-être un jour elle reviendra en mission avec nous et elle aura besoin d'en utiliser une.
-Vous savez, je ne pense pas que je vais recommencer quelque chose du genre.
-Même si ce n'est qu'avec moi ma belle ? Remarque, si je suis avec toi, c'est vrai que je peux me charger de te protéger de n'importe quel danger. Plaisante Charles.
-Arrête de raconter de telles idioties. Dit son frère en y ajoutant une tape derrière la tête
C'est vrai qu'apprendre à manipuler une arme peut être intéressant. Et je ne suis pas entièrement à l'abri d'un mauvais coup de M. Navarro me réutilisant comme appât sans que je ne sois consentante. On retourne dans la salle à manger pour se reposer un peu. Ruben n'a toujours pas bougé, mais cette fois-ci, il lit le journal. Quelqu'un prépare le repas dans la cuisine. Je vais voir si je peux me rendre utile pour quoi que ce soit mais Wilfried refuse mon aide disant que je suis encore convalescente et que je devrais me ménager. Pour ce qui est de se ménager, c'est trop tard. Je préfère ne pas insister et retourne voir les autres. Peu de temps après, c'est M. Morel qui nous rejoint et il nous propose une partie de cartes en attendant que le déjeuner. Ce qu'on accepte.
La partie, c'est terminé sur la victoire d'Oscar et la défaite de son frère. Celui-ci n'aime vraiment pas perdre et accuse le gagnant de tricherie. Celui-ci rétorque à Charles de grandir et surtout de prendre en maturité. M. Morel rit et je le suis. Les embrouilles entre ses deux-là sont souvent amusantes. Le repas suit rapidement avec des échanges dynamiques entre les habitants du manoir. Une fois, les assiettes vides, Charles demande les clés de la remise à son patron pour pouvoir m'entraîner au tir.
-Prends-les, elles sont dans le tiroir du meuble là-bas. Dit-il en montrant une commode. Mais tu as intérêt à tout ranger derrière. Et tant que vous y serez, pensez à nettoyer un peu. Ça doit faire des lustres qu'on n'y a pas passé le balai.
-Comme vous voudrez, patron. Répond Charles légèrement déçu que le ménage tombe sur lui.
Charles s'apprête à se lever pour récupérer les clés, mais une protestation de M. Durand se fit entendre :
-Attends deux minutes. Toi, tu vas lui apprendre à tirer ?
-Oui, où est le problème ?
-Ce serait une honte de te laisser faire. T'arrives à peine à effleurer une cible quand t'es concentré alors si c'est pour la rendre aussi pitoyable que toi ce n'est pas la peine. Non, les armes à feu, c'est mon domaine. C'est moi qui vais la transformer en une tireuse digne de ce nom. Toi restes avec tes petits couteaux ça vaudra mieux pour tout le monde.
Charles lui tire la langue, mais lui tends tout de même le petit trousseau qu'il vient d'attraper avant de se tourner vers moi :
-Même si je n'apprécie pas tout ce qu'il vient de dire, je dois avouer qu'il s'y connaît mieux que moi Rose chérie. Je te laisse donc entre ses délicates mains d'ivrognes.
Je suis un peu moins rassuré d'être avec Ruben. Bien qu'il est l'air gentil, je ne le connais pas très bien et je dois avouer qu'il me fait un peu peur. Mais ce n'est pas pour autant que je vais reculer. Au contraire, si c'est lui qui s'y connaît le mieux dans ce domaine alors c'est effectivement mieux que ce soit lui qui me l'enseigne.
Nous entrons dans la remise. Je n'ai jamais vu autant d'armes réunis dans un même endroit. Même la collection de fusil de chasse de M. Arlot n'était pas aussi grande. Ce qui est sûr, c'est que M. Navarro avait raison. Ils n'ont pas nettoyé cet endroit depuis pas mal d'année. Pour commencer, j'aurais un cours théorique, car, comme le dit l'ancien soldat : « Avant de manipuler une arme, il faut la connaître ». J'attrape une chaise et l'époussette un peu. Une grande quantité de poussière se soulève et me provoque une quinte de toux. Quand celle-ci s'arrête, je m'installe et écoute le cours qu'il me donne. Je pense qu'il compte me présenter chaque arme de sa collection en commençant par les armes de poing. Il me montre chaque partie du revolver et me donne les noms de ce qui le constitue. Ça devrait être assez simple à retenir puisqu'ils sont tous fabriqués de la même façon, à quelques détails près. M. Durand n'est pas un mauvais professeur. J'ai même l'impression qu'il a déjà enseigné à d'autres avant moi. Peut-être est-ce lui qui a appris aux autres membres du groupe ? Le temps paraît long et il y a certains moments où M. Durand est obligé de reprendre, car j'ai accidentellement détaché mon attention. J'admets que je préfère sûrement la pratique à la théorie, mais si un ancien soldat dit que c'est important alors je le crois.
En fin de compte, il aura passé toute l'après-midi à me décrire chaque arme avec leur fonctionnement, leurs dates de création, leurs fabrications, dans quelle situation elles sont le plus pratique et beaucoup d'autres. C'est comme si j'avais assisté à une exposition sur les revolvers, les fusils et les carabines. Et même après tout cela, nous n'avons pas terminé. Il reste encore une partie des carabines et les armes spéciales. En ce moment, je ne rêve que d'une chose : m'allonger dans mon lit. Sans m'en rendre compte, j'ai eu une journée plutôt chargé et j'aurais peut-être dû me reposer davantage. Quand je m'apprête à entrer dans le manoir, je découvre seaux, balais, chiffons et tout ce qu'il faut pour nettoyer un château entier sur le palier. À côté, M. Navarro me regarde avec un grand sourire et dit :
-Vous avez de la chance, je vous ai préparé tout le matériel nécessaire pour nettoyer la remise. Pensez à passer un petit coup de chiffon sur les armes et quand vous aurez fini, n'oubliez pas de tout ranger dans le placard là-bas.
Je souffle de mécontentement, mais attrape-tout de même le matériel. J’avais oublié qu’il nous avait demandé de tout laver une fois terminé. Je suis exténué et j’en veux un peu au chef du groupe de ne pas me laisser le faire demain. M. Durand attrape ce que je n’ai pas pu transporter et répartis les tâches. Il va s’occuper des armes pendant que moi, je ferais le reste. Entre deux coups de chiffon, il me demande de lui redire les parties les plus importantes d’une arme à feu et je les cite. Il fait ça à plusieurs reprises pour s’assurer que je le retienne. Je lave chaque tiroir et chaque étagère. Je fais en sorte que le sol brille pour ne pas devoir le refaire prochainement. Le moindre coin de la remise passe au chiffon et à l’eau. Cette activité nous occupe jusqu’au début de soirée.
Quand j’ai fini, je me tourne vers mon collègue pour voir où il en est. Je le retrouve à moitié allongé sur la table, arme en main. Il s’est endormi. Je n’avais même pas prêté attention au fait que je n’eusse pas entendu le son de sa voix depuis un moment tant j’étais occupé à tout récurer. Je le secoue un peu en lui demandant de se réveiller. Pas de réponse. Je le secoue un peu plus fort et lui mouille le visage. Toujours rien. En même temps avec tout l’alcool qu’il ingère dans une journée, ça ne devrait pas m’étonner qu’il finisse comme ça. Je ne peux pourtant pas le laisser là. Je retente une dernière fois de le réveiller. Quand soudain, une voix me fait sursauter :
-Laissez tomber. Vous n’y arriverez pas.
-Mais on ne peut tout de même ne pas le laisser là. N’est-ce pas ?
-Ne vous inquiétez pas pour lui, il finira par se réveiller. Me rassure M. Morel. Et si pas, ce ne sera pas la première fois qu’il s’endort sur une table. Je suis venue vous prévenir que le dîner va être servi.
-Bien, j’arrive alors.
Mon camarade aux cheveux gris m’aide à transporter le matériel ménagé pour m’éviter les allers-retours. Cela m’inquiète tout de même de laisser M. Durand dehors pour la nuit. J’irais lui porter une couverture pour ne pas qu’il est froid.
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