Ryven sortit de la salle du conseil, encore abasourdi par tout ce qu’il venait d’entendre et de vivre. La lumière vive de l’extérieur frappa ses yeux, mais il n’y prêta guère attention. Ses pensées étaient bien trop agitées. Derrière lui, Lirina et Dalven le suivaient de près, échangeant des regards inquiets.
Il s’arrêta enfin au milieu de la grande cour pavée, levant les yeux vers le ciel. Les nuages cotonneux semblaient flotter paisiblement, en contraste flagrant avec la tempête qui faisait rage dans son esprit.
— Ça va ? demanda doucement Lirina en posant une main sur son épaule.
Ryven hocha la tête, mais son expression trahissait son trouble.
— Je crois… Oui. C’est juste… beaucoup à encaisser.
Lirina échangea un regard avec Dalven, qui s’approcha et posa une main ferme sur l’épaule de son neveu.
— C’est normal, répondit-il d’une voix apaisante. Ce n’est pas tous les jours qu’on est convoqué devant la famille royale et qu’on apprend qu’on a des responsabilités aussi grandes.
Ryven esquissa un faible sourire, bien que son regard reste perdu.
— Responsabilités... répéta-t-il, presque pour lui-même.
Lirina s’accroupit légèrement pour se mettre à sa hauteur, son regard perçant croisant celui de Ryven.
— Écoute-moi bien, dit-elle d’un ton sérieux. Peu importe ce que ces gens attendent de toi, tu n’as pas à porter ce fardeau seul. Tu comprends ?
Ryven hocha la tête, touché par la sincérité de ses paroles.
— Merci, tante Lirina.
Elle se redressa, une lueur de détermination dans les yeux.
— Mais, ajouta-t-elle, si je découvre qu’ils te mettent en danger ou qu’ils essaient de te manipuler, je ne resterai pas les bras croisés.
— Je n’en doute pas, murmura Ryven avec un sourire timide.
Dalven, observant la scène en silence, décida d’intervenir.
— Ryven, tu sais que nous sommes là pour toi. Ce médaillon, continua-t-il en désignant celui que le garçon portait autour du cou, n’est pas juste un symbole. Si jamais tu as besoin de nous, utilise-le. Peu importe où tu es, nous viendrons.
Ryven serra le médaillon dans sa main, sentant sa froideur contre sa peau.
— Promis, répondit-il d’une voix plus assurée.
Lirina le prit dans ses bras, le serrant avec force.
— Tu es plus fort que tu ne le crois, murmura-t-elle à son oreille.
Dalven, avec un sourire chaleureux, posa une main sur l’épaule de Ryven.
— Allez, file. Montre-leur ce dont tu es capable.
Un bruit de pas retentit derrière eux, attirant leur attention. Caelmar s’approchait, imposant comme toujours, mais avec une expression étrangement bienveillante.
— Désolé d’interrompre, dit-il doucement. Mais il est temps de partir.
Lirina croisa les bras, fixant Caelmar avec méfiance.
— Vous feriez mieux de tenir vos promesses, lança-t-elle, son ton glacial.
Caelmar ne sembla pas perturbé par son hostilité.
— Je comprends vos inquiétudes, dit-il calmement. Mais croyez-moi, nous faisons cela pour son bien.
Ryven échangea un dernier regard avec sa tante et son oncle avant de suivre Caelmar.
La calèche magique les attendait à l’extérieur, aussi impressionnante que dans ses souvenirs. Son bois noir brillant, orné de motifs dorés complexes, donnait l’impression qu’elle appartenait à une autre époque. Les roues, légèrement suspendues grâce à un enchantement, semblaient flotter gracieusement au-dessus du sol.
Ryven monta en silence, suivi par Caelmar. Une fois les portes refermées, la calèche démarra sans bruit, glissant doucement sur la route pavée.
À l’intérieur, l’atmosphère était étrangement chaleureuse. Les sièges, recouverts de velours rouge, étaient confortables, et une lumière douce émanait des lanternes enchantées fixées aux murs.
Ryven fixa ses mains posées sur ses genoux, jouant distraitement avec le médaillon autour de son cou.
— Nerveux ? demanda Caelmar, brisant le silence.
Ryven releva la tête, surpris par la question directe.
— Je... Oui, un peu, admit-il.
Caelmar hocha la tête, un sourire léger sur les lèvres.
— C’est normal. Ce que tu vis dépasse tout ce que tu aurais pu imaginer. Mais laisse-moi te donner un conseil : concentre-toi sur ce que tu peux contrôler.
Ryven fronça les sourcils, réfléchissant à ces mots.
— Pourquoi moi ? demanda-t-il finalement.
Caelmar haussa un sourcil, attendant qu’il précise.
— Pourquoi tout ça m’arrive ? Pourquoi cette énergie, cette attention ? Je suis juste un rang F.
Caelmar le fixa un moment, comme s’il cherchait la meilleure façon de répondre.
— Parfois, les choses arrivent sans raison apparente, répondit-il enfin. Mais ce qui compte, ce n’est pas pourquoi elles arrivent, mais ce que tu en fais.
Ryven détourna les yeux, observant distraitement les paysages qui défilaient par la fenêtre.
— Et si je n’en veux pas ? murmura-t-il.
Caelmar posa une main rassurante sur son épaule.
— Alors ce sera ton choix. Mais tu ne pourras pas fuir éternellement. Cette énergie est en toi, qu’elle te plaise ou non. Et si elle a choisi de se manifester maintenant, c’est qu’elle a un rôle à jouer.
Ryven serra les poings, ses pensées toujours embrouillées.
— Et si je ne suis pas assez fort ?
Caelmar sourit, mais cette fois, son regard était plus sérieux.
— Alors tu apprendras. Personne ne naît fort, Ryven. La force vient de la persévérance, de la volonté de continuer, même quand tout semble perdu.
La calèche s’arrêta enfin après ce qui sembla être une éternité. Ryven descendit, s’attendant à voir un bâtiment imposant ou un camp d’entraînement sophistiqué. Mais ce qui s’étendait devant lui n’était qu’une vaste plaine, bordée de montagnes au loin.
Le sol, parsemé de pierres noires et d’herbes clairsemées, semblait aride et désolé. Un vent froid soufflait, portant une odeur métallique étrange.
— Où sommes-nous ? demanda Ryven, perplexe.
Caelmar descendit à son tour, un sourire énigmatique sur les lèvres.
— Bienvenue sur ton terrain d’entraînement, répondit-il simplement.
Ryven fronça les sourcils.
— Il n’y a rien ici...
Caelmar éclata de rire.
— C’est exactement ce que je me suis dit la première fois que je suis venu ici. Mais crois-moi, tu apprendras vite que cet endroit est loin d’être vide.
Il sortit un artefact de sa poche, un disque métallique gravé de runes complexes, et l’activa. Une lumière intense jaillit de l’artefact, et un portail massif se forma à quelques mètres de Ryven.
Le garçon recula instinctivement, son cœur battant plus vite.
— Un portail ? demanda-t-il, la voix légèrement tremblante.
— Exact, répondit Caelmar, toujours avec ce sourire énigmatique.
Ryven fixa le cercle lumineux, une boule se formant dans son estomac.
— Vous voulez que j’entre là-dedans ? Seul ?
Caelmar hocha la tête.
— C’est ton premier test.
Ryven ouvrit la bouche pour protester, mais Caelmar posa une main ferme sur son épaule.
— Tu peux le faire, Ryven. Fais-moi confiance.
Et, avant que Ryven ne puisse dire quoi que ce soit, Caelmar activa un autre artefact et disparut, le laissant seul face au portail scintillant8Please respect copyright.PENANAVrHJ808i4q