Le jour tant redouté par Ryven arriva. Dans les vestiaires, l’excitation des élèves emplissait l’air. Les discussions allaient bon train, mêlant stratégies et vantardises. Certains ajustaient leur tenue renforcée, d’autres s’échauffaient en plaisantant bruyamment.
Ryven entra discrètement, espérant passer inaperçu. Mais il ne fallut pas longtemps pour qu’il devienne la cible habituelle.
— Tiens, voilà le rang F, lança un garçon en ricanant. T’as pas peur de te casser un os, Ryven ?
Ryven ne répondit pas, se concentrant sur son casier. Mais cela n’empêcha pas les remarques de pleuvoir.
— Eh, regardez ! Le fragile a des muscles maintenant, plaisanta un autre en montrant ses bras. Sérieusement, tu crois que ça va t’aider aujourd’hui ?
— Ouais, si tu veux vraiment impressionner quelqu’un, commence par tenir debout plus de trente secondes, ajouta un troisième.
Un rire général éclata, et Ryven ferma les yeux, tentant de contenir sa colère et sa honte.
— Ignore-les… Respire et ignore-les, pensa-t-il en ajustant ses gants.
Alors qu’il quittait les vestiaires, il entendit une dernière remarque dans son dos :
— Ne t’inquiète pas, on va te trouver un adversaire à ta hauteur. Peut-être une brindille.
Les rires continuèrent de plus belle.
Une fois Ryven parti, le brouhaha dans les vestiaires se calma légèrement. Un groupe d’élèves se rassembla dans un coin, leurs voix baissant jusqu’à des chuchotements conspirateurs.
— Alors, qui s’occupe de lui ? demanda Velgar, sa voix basse et posée imposant instantanément le silence.
Velgar était le prodige incontesté de la classe, éveillé avec une affinité rare à la magie de glace dès ses 9 ans. Son rang d’éveil, un solide rang A, renforçait son statut de leader naturel parmi les élèves. Sa maîtrise élémentaire et sa précision tactique faisaient de lui une figure intimidante.
Ses cheveux argentés, toujours soigneusement coiffés en arrière, encadraient un visage aux traits aristocratiques. Ses yeux bleus perçants semblaient glacer quiconque osait le défier. Mais ce n’était pas seulement sa magie qui imposait le respect : Velgar s’entraînait physiquement depuis l’enfance, suivant un programme rigoureux imposé par sa famille.
Ses épaules larges et sa stature droite donnaient l’impression qu’il avait déjà 17 ans, bien qu’il n’en ait que 15. Avec son apparence imposante et son calme calculateur, il incarnait la perfection que ses camarades enviaient ou redoutaient.
— Pas besoin de chercher loin, répondit un garçon, pointant du doigt Aldren Velthor, accoudé nonchalamment à son casier.
Tous se tournèrent vers Aldren, qui relevait à peine les yeux. Héritier d’une riche lignée d’éveillés, il était connu pour sa maîtrise de la magie de foudre, combinée à une force physique impressionnante. Son rang d’éveil B, bien qu’inférieur à celui de Velgar, était largement compensé par son intensité au combat rapproché et sa personnalité impitoyable.
Aldren avait un physique qui dépassait largement celui de ses camarades de 15 ans. Sa musculature bien dessinée, ses bras puissants, et ses larges épaules lui donnaient une prestance intimidante. Avec ses cheveux blonds impeccablement coiffés et ses yeux ambrés perçants, il avait l’apparence d’un garçon de 17 ou 18 ans déjà aguerri au combat.
— Pourquoi moi ? lança-t-il en haussant un sourcil, feignant l’indifférence.
— Parce que tu es le meilleur après moi, répondit Velgar avec un sourire en coin. Et parce que tu sais comment rendre les choses… intéressantes.
Aldren roula des yeux, un sourire narquois apparaissant lentement sur son visage.
— Très bien. Si c’est pour l’humilier correctement, je suis partant.
Un murmure d’approbation parcourut le groupe.
— Arrangeons-nous pour qu’il n’ait pas de partenaire. Le prof va forcément te le coller, ajouta un élève avec un ricanement.
Velgar croisa les bras, ses yeux brillants d’un éclat amusé.
— Rends ça mémorable, Aldren.
Aldren acquiesça, son sourire s’élargissant.
— Croyez-moi, il se souviendra de cette journée.
Le terrain d’entraînement était vaste, entouré de murs enchantés pour contenir les attaques magiques. Les élèves se regroupèrent en rangs sous les ordres du professeur, attendant que les consignes soient données.
— Aujourd’hui, nous allons évaluer vos compétences physiques et magiques dans une série de duels, déclara-t-il. Vos performances seront notées sur votre technique, votre maîtrise, et votre capacité à vous adapter.
Les élèves se mirent rapidement par deux, choisissant naturellement leurs partenaires. Mais Ryven, comme prévu, resta seul.
Le professeur parcourut la liste des noms et fronça légèrement les sourcils en voyant la situation.
— Très bien… Ryven, tu seras avec Aldren Velthor.
À la mention de ce nom, un murmure parcourut le groupe. Tout le monde savait qu’Aldren était l’un des meilleurs de la classe. Sa maîtrise de la magie de foudre et son aisance naturelle en faisaient un adversaire redoutable.
Aldren s’avança tranquillement, un sourire narquois aux lèvres.
— Alors, c’est toi mon partenaire, Aelris ? Ça va être… amusant, lança-t-il d’un ton faussement amical.
Ryven sentit son estomac se nouer, mais il garda la tête haute.
— Premier round : combat sans mana, annonça le professeur. Montrez-moi ce que vous valez physiquement.
Le signal retentit, et Aldren attaqua immédiatement. Mais contrairement à ce qu’il attendait, Ryven bougea avec agilité. Grâce à ses mois d’entraînement, il esquiva les coups avec assurance, attendant une ouverture.
Quand elle se présenta, il frappa Aldren au torse, le déstabilisant. Puis, avec un balayage rapide, il le fit tomber au sol.
Un silence stupéfait s’abattit sur le terrain.
— Il… a gagné ? murmura quelqu’un.
Le professeur leva une main pour signaler la fin du round.
— Victoire de Ryven.
Ryven sentit une vague de fierté l’envahir.
Aldren se releva lentement, époussetant sa tenue avec une expression glaciale. Mais il ne semblait pas en colère. Au contraire, son sourire narquois s’élargit, teinté de cruauté.
— Intéressant… Mais je vais m’assurer que ce soit la dernière fois que tu ressentes ça.
Le professeur annonça le début du deuxième round, cette fois avec l’utilisation limitée de mana.
Aldren activa son mana, et des éclairs bleus crépitèrent autour de ses mains.
— Allez, Aelris. Montre-moi ce que tu sais faire, dit-il d’un ton moqueur.
Le signal retentit, et Aldren lança immédiatement une salve d’éclairs, frappant le sol autour de Ryven pour le forcer à reculer.
Ryven tenta de riposter. Il concentra son mana pour former une sphère lumineuse, mais celle-ci vacilla avant de disparaître.
Aldren éclata de rire.
— Sérieusement ? C’est ça, ton grand pouvoir ? Même une bougie ferait mieux.
Il attaqua à nouveau, mais ralentit volontairement ses mouvements. Chaque éclair était précis, mais jamais assez puissant pour terminer le combat. Aldren savourait chaque seconde.
— Regarde-les, dit-il en désignant les élèves spectateurs. Tout le monde voit à quel point tu es ridicule.
Ryven esquiva du mieux qu’il pouvait, mais ses mouvements étaient de plus en plus maladroits. Une décharge le frappa à l’épaule, le faisant tomber à genoux.
— Pourquoi tu fais durer ça ? demanda Ryven, haletant.
Aldren s’arrêta, croisant les bras avec un sourire suffisant.
— Parce que j’aime voir des faibles comme toi se débattre.
Il lança une dernière attaque, frappant Ryven au torse et le projetant au sol.
Le professeur leva finalement la main.
— Ça suffit. Victoire d’Aldren pour le deuxième round.
Aldren s’avança légèrement, se penchant vers Ryven avec un sourire cruel.
— Prépare-toi, Aelris. Le dernier round sera encore pire.
Le professeur reprit la parole.
— Troisième et dernier round. Utilisation libre de vos capacités physiques et magiques. Faites de votre mieux.
Ryven se releva avec difficulté, son corps endolori par les attaques précédentes. Mais ce n’était pas la douleur physique qui pesait le plus sur lui : c’était l’humiliation, la frustration, et la colère qu’il sentait bouillonner en lui.
Aldren, toujours sûr de lui, s’approcha avec un sourire narquois.
— Tu devrais abandonner. Ce serait moins humiliant pour toi.
Ryven serra les poings, son esprit envahi par des souvenirs de ses échecs.
— Pourquoi suis-je toujours aussi faible ?
Le signal retentit, mais Ryven resta immobile, son esprit embrouillé. Dans un éclair d’émotion, son imagination s’emballa. Dans son esprit, il se vit saisir une lame éclatante de lumière pure, brillante et stable. Il se visualisa debout, dominant Aldren, renversant la situation et se vengeant de tout ce qu’il lui avait fait subir jusqu’à présent9Please respect copyright.PENANA74nPE5rsL1