La nuit enveloppait le camp dans un silence pesant, brisé uniquement par le bruissement du vent qui agitait les feuilles des arbres environnants. Ryven était allongé dans sa tente, mais son esprit n’avait aucun repos. Le cauchemar commença une fois de plus.
Il courait. Ses pieds frappaient violemment le sol fissuré, soulevant une poussière épaisse qui semblait brûler dans l’air saturé d’une étrange lumière rougeoyante. Tout autour de lui, le désert s’étendait à perte de vue, sombre et oppressant. Pourtant, ce n’était pas le désert qui l’effrayait. C’était la silhouette monstrueuse qui avançait derrière lui.
Elle n’avait rien de l’apparition lumineuse qu’il avait affrontée dans ses premiers rêves. Cette entité portait des cornes tordues, sinistres, qui émergeaient de son crâne. Son corps était recouvert d’une armure d’ombre mouvante, presque liquide, et une faux gigantesque brillait faiblement dans ses mains. Chaque pas qu’elle faisait fissurait le sol, et ses ailes noires – si l’on pouvait les appeler ainsi – ondulaient comme si elles étaient faites de ténèbres vivantes.
Ryven trébucha, ses genoux heurtant violemment le sol. Il tenta de se relever, mais l’entité se tenait déjà au-dessus de lui. Son souffle était glacial, et ses yeux noirs comme l’abîme semblaient le sonder, fouillant les moindres recoins de son âme. Sans un mot, elle brandit sa faux et l’abattit dans un mouvement d’une fluidité effrayante.
Ryven ouvrit brusquement les yeux, haletant, son cœur battant à tout rompre. Il était dans sa tente, son front trempé de sueur, les mains crispées sur son matelas. Cela faisait des semaines que ces cauchemars le tourmentaient. À chaque fois, la version lumineuse qu’il avait l’habitude de voir avait été remplacée par cette abomination sombre et menaçante.
Le camp était baigné d’une douce lumière matinale. Les premiers rayons du soleil perçaient à travers les arbres, projetant des ombres dansantes sur les rochers et les tentes. Ryven sortit, espérant que l’air frais chasserait les restes de son cauchemar. Mais même sous la lumière du jour, il ne pouvait oublier la vision de cette créature ténébreuse.
Non loin de là, il aperçut Caelmar. Le directeur de l’Agence, toujours imposant malgré son calme apparent, était adossé à un rocher. Ses cheveux argentés captaient les reflets dorés du soleil levant, et ses yeux scrutaient l’horizon, comme s’il attendait quelque chose.
Caelmar : "Tu sembles encore fatigué, Ryven. Ces cauchemars te hantent toujours, n’est-ce pas ?" demanda-t-il sans détourner son regard.
Ryven : (soupirant) "Ils deviennent de pire en pire. Cette… chose sombre, c’est moi, mais c’est aussi quelque chose de bien pire. Elle finit toujours par m’abattre."
Caelmar : (calme, mais grave) "Tu ne peux pas fuir éternellement. Ces rêves ne sont peut-être pas que des cauchemars. Parfois, ce que l’on redoute le plus contient les réponses que l’on cherche."
Ryven : (ironique) "Alors quoi ? Je devrais lui tendre la main la prochaine fois qu’elle m’éventre ?"
Caelmar esquissa un léger sourire en coin, mais ne répondit pas. Il se contenta de poser une main rassurante sur l’épaule de Ryven avant de retourner à ses affaires.
Quelques heures plus tard, Ryven se tenait dans une salle sécurisée de l’Agence. La pierre de terre, posée sur un piédestal de cristal renforcé, semblait d’apparence banale au premier regard. Sa surface était rugueuse, semblable à une roche craquelée, mais Ryven pouvait sentir une énergie intense émanant de son cœur. Cette énergie semblait vibrer, presque pulser, comme si la pierre était vivante.
Alors qu’il s’approchait, les runes gravées sur le piédestal s’illuminèrent d’un éclat vert. Une barrière magique entourait la pierre, mais dès que Ryven tendit la main, la barrière se déforma, comme si elle réagissait à sa présence. Une lumière aveuglante jaillit de la pierre, et tout devint flou.
Ryven ouvrit les yeux dans un décor totalement différent. Il se tenait sur un sol aride, fissuré, irradiant une chaleur écrasante. Le ciel, d’un vert irréel, était strié de nuages noirs menaçants, et au loin, une immense porte sculptée dans la pierre se dressait, ornée de runes anciennes qui pulsaient d’une lueur régulière.
Devant cette porte se trouvait une créature imposante. Le gardien était une masse colossale de pierre et de mousse, son corps craquant à chaque mouvement. Ses yeux, deux orbes verts luminescents, fixaient Ryven avec une intensité écrasante. Chaque pas qu’il faisait faisait trembler le sol, comme un séisme.
Gardien : (voix résonnante) "Porteur des abysses, pourquoi es-tu venu ici ? Crois-tu être digne de passer cette porte ?"
Ryven : (hésitant) "Je ne comprends pas. Pourquoi suis-je ici ? Que protège cette porte ?"
Gardien : "Cette porte mène à une épreuve. Une épreuve que seuls les porteurs prêts peuvent surmonter. Mais toi… tu es instable. Ton esprit est divisé, et ton cœur vacille."
Avant que Ryven ne puisse répondre, le gardien leva une main massive. Une force irrésistible fit vaciller le sol sous ses pieds, et il chuta dans un abîme sans fin. La voix du gardien résonna une dernière fois avant que tout ne devienne noir.
Gardien : "Reviens lorsque tu seras entier."
Ryven se réveilla brusquement, allongé sur le sol de la salle. Ses membres étaient lourds, et son souffle était court. Caelmar était penché au-dessus de lui, son expression mêlant inquiétude et curiosité.
Caelmar : "Qu’est-ce qui s’est passé ? La pierre a réagi à toi comme à personne d’autre."
Ryven : (haletant) "J’ai vu… un gardien. Il m’a dit que je n’étais pas prêt. Que je devais revenir quand je serais ‘entier’. Je ne sais pas ce que ça signifie."
Avant qu’ils ne puissent discuter davantage, une alarme retentit dans tout le bâtiment.
Voix d’un chercheur : "Un portail vient de s’ouvrir ! C’est au même endroit que celui de rang C complété il y a quelques jours !"
Caelmar fronça les sourcils. Deux portails apparaissant au même endroit, et dans un intervalle si court, n’était pas seulement inhabituel. C’était du jamais vu.
Caelmar : (sévère) "Cela dépasse les anomalies habituelles. Nous devons y aller."
Caelmar ne perdit pas de temps à rassembler une équipe. Il attrapa une pierre de retour – un artefact capable de téléporter les porteurs hors d’un portail en cas d’urgence – et se tourna vers Ryven.
Caelmar : "Nous partons tous les deux. Pas le temps d’attendre."
Ryven : (inquiet) "Juste nous ? Et si ce portail est encore plus dangereux ?"
Caelmar : (souriant légèrement) "C’est une bonne chose que je sois là, alors."
Ils montèrent sur le phénix de Caelmar, une créature aussi majestueuse qu’intimidante. Ses plumes, d’un rouge incandescent, semblaient crépiter comme des flammes vivantes. Ses ailes immenses projetaient des reflets dorés à chaque battement, et sa chaleur rassurante enveloppa Ryven dès qu’il monta sur son dos.
Alors qu’ils approchaient du portail, sa lumière verdâtre illuminait l’horizon. Les distorsions magiques autour du vortex faisaient vibrer l’air, et Ryven sentit son noyau réagir instinctivement, comme s’il reconnaissait cette énergie.
Caelmar : "Reste concentré, Ryven. Si ce portail est lié au précédent, cela signifie que quelque chose de bien plus grand est en jeu."
Sans un mot de plus, ils franchirent le seuil, prêts à découvrir ce qui les attendait.
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